SAMEDI 22 MAI 2021
13 h 30 (HAE)

Éric Langlois

Professeur, Université du Québec en Outaouais (UQO)

L’œuvre d’art et l’expérience humaine de son absence : le cas des égoportraits d’identification en temps de pandémie. Un regard muséologique et anthropologique (en français) 

 
Egon Schiele, Self-Portrait with Striped Shirt (1910)//Interprétation de Self-Portrait with Striped Shirt par muldoonbd
Crédit : Leopold Museum, Vienne/Vienna
La crise pandémique, par sa période de confinement et de fermeture des institutions muséales, nous a éloignés des vraies choses du musée, des musealia (Cameron, 1968). Ce sont leurs caractéristiques mises au service de l’action et de l’identité humaines (Julien et Rosselin, 2005) qui induisent une appropriation de l’objet (Lefebvre, 1970). De même, sonder le rôle social des objets nous permet de comprendre divers jeux de force ayant un impact sur les identités individuelles et sociales (Bourdieu, 1979). C’est dans ces conditions qu’il est proposé de mettre en perspective cet éloignement forcé de la chose muséale. C’est dans le contexte des collections d’art, voire de leur existence numérique, qu’il est particulièrement pertinent d’observer un phénomène qui était déjà latent à l’ère pré-COVID-19 : l’égoportrait d’identification par la mise en scène (Langlois, 2020). Les #gettychallenge, #artenquarantaine ou #museumathome, notamment, lui ont servi de vecteurs dans les réseaux sociaux. Si transformer les objets est une manière de marquer une appropriation et que ceux-ci transforment ceux qui les manipulent (Turgeon, 2007), soulignons que cela s’est fait – pour la période observée – de manière ludique et créative en une construction réciproque dépolarisant les concepts « nature » et « culture » et alliant comme « médiateurs », objets et sujets (Bonnot, 2014).

Éric Langlois est professeur de muséologie et patrimoines à l’UQO. Spécialisé dans le champ de recherche qu’est la cybermuséologie, on lui doit notamment la création du premier programme de premier cycle dans ce domaine au Canada. C’est après une carrière professionnelle consacrée au développement d’applications en cybermuséologie (sites, jeux, expositions) qu’il est engagé à l’UQO, en 2002, afin de développer un programme en cybermuséologie au sein de l’École multidisciplinaire de l’image (ÉMI). Il y crée aussi, avec la professeure Nada Guzin Lukic, un programme de premier cycle complet en muséologie et patrimoines. Éric Langlois fait également partie de l’équipe professorale de l’ÉMI qui crée le programme de maîtrise en muséologie et pratiques des arts. Alliant théorie et pratique, il réalise des mandats de recherche pour différents organismes et institutions. Son expertise unique est reconnue au Canada et à l’international.

Cameron, F. D. (1968). A Viewpoint: The Museum as a Communications System and Implications for Museum Education. Curator: The Museum Journal, 11(1), p. 33-40.
Bonnot, T. (2014). L’attachement aux choses. Paris : CNRS Éditions.
Bourdieu, P. (1979). La Distinction : critique sociale du jugement. Paris : Éditions de Minuit.
Debary, O., & Turgeon, L. (2007). Objets et Mémoires. Québec : Presses de l’Université Laval.
Julien, M.-P., & Rosselin, C. (2005). La culture matérielle. Paris : La Découverte.
Langlois, É. (2020). L’œuvre d’art et l’expérience humaine de son absence : le cas des égoportraits d’identification en temps de pandémie. Un regard muséologique et anthropologique (17 octobre). In M. Boucher & J. Ragazzini. Le double du corps : entre arts, sciences et musées, Congrès en ligne 2020 de l’Association d’art des universités du Canada.
Lefebvre, H. (1970). La révolution urbaine. Paris : Gallimard.
Marin, L. (1994). De la Représentation. Paris : Gallimard ; Le Seuil.