Mélanie Boucher

Professeure agrégée, Université du Québec en Outaouais (UQO)

La rétroaction du miroir employée par Jacques-Louis David ou l’invention de l’exposition rétrospective (en français)

Modélisation de l’exposition des Sabines (1796-1799) de Jacques-Louis David dans son atelier au Louvre (1799-1805) tirée du documentaire Une révolution à l’antique. Les Sabines, Jacques-Louis David, 1799

Jacques-Louis David a employé à trois reprises un miroir pour la présentation de ses tableaux. Pour Les Sabines (1796-1799), d’abord, puis pour Le Sacre (1805-1807), dans des expositions qui se sont déroulées dans son atelier et qui ont exploité la singularisation de l’œuvre maîtresse présentée vis-à-vis d’un miroir de sorte que le visiteur se reflétait dans les compositions. La troisième exposition est, quant à elle, distinctive; l’œuvre testament Mars désarmé par Vénus (1824) mise en relief par l’emploi du miroir étant alors accompagnée d’autres tableaux servant à retracer les débuts de l’artiste, jusqu’à une fin de carrière qui était imminente. L’enfilade des trois pièces d’appartement, dans laquelle s’est déployée l’exposition, participe également aux fins de la rétrospection que matérialisait le miroir, en plus d’offrir au visiteur l’occasion de s’inscrire dans la scène du désarmement. Cette dernière exposition d’un David considéré démodé n’en demeure pas moins annonciatrice de l’exposition monographique et, plus encore, de la rétrospective, à sa façon d’envisager le retour sur soi et sur les autres. Cette communication envisagera l’apport de Jacques-Louis David à la conception des expositions bilans par l’emploi du miroir et des intentions que celui-ci peut servir à concrétiser.

Mélanie Boucher est professeure agrégée en muséologie et en histoire de l’art à l’UQO. Elle a développé une expertise sur les enjeux performatifs, notamment dans le cadre d’une thèse de doctorat dont une version remaniée a été publiée en 2014 sous le titre La nourriture en art performatif : son usage de la première moitié du 20^e siècle à aujourd’hui, puis de recherches orientées vers le tableau vivant (FIRC 2014, FRQSC 2014, CRSH 2016) et les mises en scène corporelles dans les expositions (CRSH 2018, 2021). En 2019, elle était corédactrice invitée, avec Ersy Contogouris, du dossier « Stay Still : histoire, actualité et pratique du tableau vivant », publié dans la revue RACAR. Depuis 2014, elle est également cochercheure du Groupe de recherche et réflexion CIÉCO : Collections et impératif évènementiel/The Convulsive Collections (CRSH 2014, 2021).

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