VENDREDI 21 MAI 2021
13 h 00 (HAE)

Raymond Montpetit

Professeur émérite, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Exposer l’ailleurs et être là : les dispositifs topo-analogiques au musée et leurs occupants (en français)

 
Thomas Rowlandson, Mr. Bullock’s Exhibition of Laplanders (1822)
Crédit : Rosenwald Collection, National Gallery of Art, Washington
Cette intervention se propose de voir comment les musées d’histoire et d’ethnologie ont évolué pour exposer non plus seulement des séries d’artefacts conservés, mais aussi des ensembles d’objets disposés de manière à faire image et à configurer spatialement un lieu qui reproduit un endroit habité du monde extérieur. J’aborderai la question de la présence ou non de figures humaines dans les muséographies topo-analogiques comme les period rooms et les dioramas. Ces dispositifs, d’abord utilisés dans les établissements populaires (musées de cire et expositions universelles), s’imposent dans différents types de musées dans les premières décennies du 20e siècle et constituent bien un appel à la personnification pour peupler les lieux, présentifier les absents et « rendre vivante » l’histoire (« life group », « living history »). Mon propos examine ce tournant muséographique, les facteurs de la culture visuelle qui ont inspiré ce virage et identifie quelques modalités de la (re)présentation humaine dans les expositions en histoire.

Muséologue, historien d’art et de la culture, professeur émérite (2014) au Département d’histoire de l’art de l’UQAM, Raymond Montpetit a été, en 1986-1987, le directeur fondateur de la maîtrise en muséologie à l’UQAM, programme qu’il a redirigé de 1993 à 1999. Il a œuvré, depuis plus de quarante ans, à la réalisation de projets muséaux (Centre d’histoire de Montréal, Pointe-à-Callière, Pulperie de Chicoutimi) et d’expositions (dont Mémoires, présentée durant plus de 15 ans à partir de 1988 au Musée de la civilisation, et Je me souviens. Quand l’art imagine l’histoire, également présentée durant plus de 15 ans, à partir de 2002 au Musée national des beaux-arts du Québec). Il a effectué de nombreuses études et évaluations muséales et collaboré à la définition de politiques patrimoniales. Ses publications portent sur l’histoire et la théorie des musées et des expositions. En 2009, il a reçu le prestigieux « Prix carrière » de la Société des musées du Québec (SMQ) et, en 2016, le « Prix d’excellence d’ICOM Canada » pour « sa contribution remarquable au développement et au rayonnement de la muséologie canadienne sur la scène internationale. »

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